Depuis 1997 et le sacre d'Abo Volo, plus aucun trotteur de 9 ans n'avait remporté le Prix d'Amérique. Meaulnes du Corta a beau avoir cet âge respectable, il s'agit d'un cheval tout neuf, n'ayant couru qu'à cinquante reprises.
Meaulnes du Corta: jeune et vieux à la fois
Cette année 2009 est décidemment favorable aux 9 ans, puisque le sacre de Meaulnes du Corta dans le Prix d'Amérique est venu, huit jours, après celui de sa contemportaine Malakite dans le Prix de Cornulier.
Cela dit, les parcours de ces deux "M" passés à la célébrité en ce mois de janvier 2009 n'ont rien d'équivalent. La jument des frères Verva en était, le 18 janvier, à sa 90e sortie publique, ses titres semi-classiques étant par ailleurs tout récents. A l'opposé, Meaulnes du Corta avait terminé deuxième, dès le mois de juin de ses 3 ans, du classique Prix Capucine, battu par la seule Mahana, et trottant pour l'occasion déjà sur le pied d'1'15''2 les 2.700 mètres de la Grande Piste de Vincennes. Le cheval était alors entraîné par Laurent Abrivard, qui avait parfaitement connu son géniteur, Voici du Niel pour avoir gagné le Prix de Cornulier en sa compagnie. Il est tout aussi intéressant de noter que Meaulnes du Corta a couru à dix reprises à l'âge de 3 ans et seulement cinq fois à 4 ans. Il remporte alors à cet âge son premier titre classique, en fin de meeting d'hiver, dans le Prix de Sélection, prenant sa revanche sur Mahana et sauvant son meeting, après son échec dans le Critérium des 3 ans (disqualifié) dont il était le grandissime favori. A cette époque, il était drivé par Jean-Michel Bazire.
Ecarté de la compétition pendant seize mois, Meaulnes du Corta est revenu en piste en août 2005 pour préparer le Critérium des 5 Ans, après avoir changé d'entraîneur et être passé sous la coupe de Pierre Levesque. Au printemps de cette même année, le cheval avait eu le temps de réaliser sa première saison de monte au haras des Cruchettes, au prix de 3.000 euros, un tarif très raisonnable qui lui aura valu de mettre au monde plus de cinquante "S". Avec seulement deux courses de préparation dans les jambes, le cheval remporte son seul et unique Critérium, devant Mara Bourbon.
Meaulnes du Corta est, dès lors, programmé pour le Prix d'Amérique 2006 dont il sera le grand absent, tout comme en 2007. A chaque fois, la préparation du champion est en effet contrariée par des pépins de santé, le cheval sauvant alors son meeting en gagnant par deux fois le Prix du Bois de Vincennes. Meaulnes fera en conséquence connaissance, pour la première fois, avec l'Amérique en 2008. Comme si un sort semblait s'acharner sur lui dans cette épreuve, il est contrarié par trois faux départs consécutifs, effectue le parcours en apnée et explose à mi-ligne droite alors qu'il semble assuré d'un accessit d'honneur. Cette course restera au travers de la gorge de Jean-Pierre Barjon et de Pierre Vercruysse, éconduit pour l'édition 2009 au profit de Franck Nivard.
On connaît la suite...
En ce 25 janvier 2009, Meaulnes du Corta s'est imposé en patron, prenant la course à son compte à 2000 mètres de l'arrivée. Son driver lui a demandé en effet, à ce moment là, de faire la sélection, le cheval faisant le kilomètre sur le pied d'1'10''8, ce qui est remarquable puisqu'il s'agissait de la montée. Ensuite, Franck Nivard a temporisé légèrement (1'13'' des 1000 aux 500 derniers mètres), avant de le solliciter à nouveau Meaulnes à partir du dernier tournant (1'11'' les derniers 500 mètres). En ce sens, Meaulnes du Corta ne doit sa victoire qu'à son seul talent et s'est imposé dans le bon chrono d'1'12''5, réduction qu'il avait déjà réalisée sur cette distance dans la Coupe du Monde du Trot en aôût 2007, en plein été.
Son propriétaire, Jean-Pierre Barjon pouvait exulter... Après avoir mangé son pain noir dans l'Amérique, l'homme d'affaires a fêté par avance de la meilleure des façons son futur cinquantenaire. Meaulnes du Corta aura été sa bonne étoile puisqu'il s'agit de son premier achat, réalisé yearling et suivi, quelques mois plus tard, de celui de Niky également au départ de ce 88e Prix d'Amérique. S'il a été heureux dans ses investissements, Jean-Pierre Barjon s'est piqué au jeu et a développé son écurie. Dix-huit chevaux différents ont représenté ses intérêts, l'an passé, confiés aux bons soins de Pierre Levesque, Laurent Abrivard et Jean-Philippe Ducher. Parallèlement, le propriétaire a acheté un haras, tout près de Vichy, sa région natale où vont naître dans les années à venir une multitude de fils et filles de Meaulnes et de Niky.
Article Paris Turf