La justice ouvre une brêche dans le monopole du PMULa justice française a ouvert une brêche importante dans le monopole public français sur les paris sportifs, colossale source de revenus pour l'Etat et enjeu économique considérable dans l'Union européenne.
Dans un arrêt rendu mardi, la plus haute juridiction française a annulé la condamnation d'une société maltaise de paris en ligne sur des courses hippiques, Zeturf, qui avait vu son activité interrompue à la demande du PMU (Pari mutuel urbain). Ce dernier bénéficie d'un monopole sur cette activité.
"La Cour de cassation a censuré cette décision en rappelant l'interprétation donnée par la Cour de justice des communautés européennes à l'article 49 du traité instituant la communauté européenne, qui garantit la libre prestation de services", dit la Cour de cassation dans un communiqué.
Cet arrêt intervient alors que la Commission européenne, la semaine dernière, a terminé une procédure d'infraction contre la France sur le même sujet en concluant que son monopole sur les paris sportifs était illégal au regard du droit communautaire.
Sur le plan communautaire, la France avait donc déjà, avant l'arrêt de la Cour de cassation, l'obligation d'ouvrir son marché des paris sportifs à la concurrence, sous peine de poursuites devant la Cour de justice des communautés européennes.
La juridiction française souligne toutefois dans son arrêt que le monopole ou les restrictions à la libre concurrence sur les paris sportifs ne sont pas en eux-mêmes illégaux au regard du droit européen.
Ils peuvent être justifiés si ils permettent de limiter les occasions de jeux, ou si ils s'avèrent nécessaires pour "prévenir l'exploitation des jeux de hasard à des fins criminelles ou frauduleuses en les canalisant dans des circuits contrôlables".
Or, dans l'affaire en question, le juge des référés français qui a pris la décision interdisant la société maltaise n'a pas cherché à savoir si, au contraire, "les autorités nationales françaises n'adoptaient pas une politique extensive dans le secteur des jeux afin d'augmenter les recettes du trésor public", dit la Cour.
L'affaire n'est pas totalement terminée, car elle devra être rejugée par la cour d'appel de Paris, a dit la Cour de cassation. Cette dernière ne pourra cependant statuer que le monopole français est en lui-même légal, ce qui correspond à la situation actuelle.